Contenus et intervenants > Résumés des interventions

 

1. Gérard Chouquer (AFAG/CNRS) : « Avec quelle typologie travailler sur les parcellaires agraires ? »

L’accumulation des travaux archéogéographiques depuis une trentaine d’années autorise une reformulation de la typologie des parcellaires, à la fois dans le monde et dans la longue durée bi- ou tri-millénaire.

La typologie se fonde :

  • sur l’apparence formelle des parcellaires ;
  • sur une gamme graduelle allant du planifié au non planifié
  • sur une prise en compte de ce que deviennent les parcellaires
  • sur une prise en compte des fonctions agronomiques des parcellaires
  • sur l’intégration des modelés à la forme en plan

Le cours contribue à fixer les types, les façons de nommer et les dynamiques en jeu.

 

2. Magali Watteaux (Rennes 2/AFAG) : « Élaborer une "carte archéogéographique" et savoir utiliser les indicateurs de l’analyse morphologique »

Étudier les parcellaires (ruraux comme urbains) suppose le recours à une documentation planimétrique et à une méthodologie dite archéogéographique. Ce module de cours présentera pour cela :

  • un panorama de la documentation et des données nécessaires, qu’elles soient de nature planimétrique, archéologique, géographique ou historique. Ce panorama sera l’occasion également de lister les centres de ressources utiles et les conditions d’utilisation de ces documents et données, d’un point de vue matériel et méthodologique.
  • Les principes d’élaboration d’une « carte compilée » (ou archéogéographique), document de base pour l’analyse morphologique de la planimétrie héritée.
  • Les indicateurs morphologiques de base à maîtriser pour reconnaître des configurations morphologiques signifiantes.

NB : cette session de cours reposera sur un manuel qui sera offert à chaque participant (Sandrine Robert dir., Sources et techniques de l’archéogéographie), ainsi que sur des petits exercices facilitant l’intégration des différents indicateurs morphologiques.

 

3. Simone Grosso (SDAVO/Paris 1) : « Conduire une analyse régressive des documents historiques pour la reconstitution des possessions foncières et des cultures anciennes »

Les sources écrites et les documents historiques constituent un énorme réservoir d'informations pour la reconstitution des possessions territoriales et des cultures pour les périodes médiévale et moderne. Mais comment spatialiser au mieux les informations obtenues ? Comment utiliser ces données en intégration avec celles issues de l'analyse de la cartographie et des données archéologiques ? Le cas d'étude de la Maremme en Italie et, en particulier, de la plaine de Grosseto, avec son patrimoine documentaire considérable (XIIIe-XIXe siècles) sera présenté dans le détail afin d’exposer concrètement le traitement et l'exploitation de ces données.

 

4. Éric Mermet (TSE, PTM/Huma-Num) & Éric Grosso (informaticien, indépendant) : « Réaliser des analyses géomatiques des parcellaires agraires grâce au plugin Morphal 2.0 »

L'atelier sera dédié à la pratique de l'analyse morphologique de données cadastrales automatisée sous SIG avec Morphal, un plugin développé pour QGIS. Celui-ci permet de manipuler des données parcellaires, de calculer différents indicateurs, de les cartographier et de tenter d'interpréter les résultats. L'accent sera mis sur l'installation du plugin, sur sa manipulation ainsi que sur le descriptif mathématique des indicateurs mobilisés.

Sera également abordée la question des traitements des données en amont afin d'en améliorer la qualité géométrique et topologique, phase essentielle du travail afin d'obtenir des résultats optimaux.

NB : l'installation de QGIS est nécessaire et préalable à l'atelier (minimum version 2.28 "Firenze")

 

5. Pascal Vialet (Inrap Grand Ouest) et Pierre Séjalon (Inrap Midi-Méditerranée) : « Enquêter sur les parcellaires agraires en contexte archéologique opérationnel » 

L’analyse des vestiges de parcellaires agraires trouvés lors des diagnostics et des fouilles, en particulier les multiples tronçons de fossés, est souvent empêchée par la perception extrêmement dispersée et « émiettée » des anciens espaces ruraux en raison du prisme sitologique (accent porté sur l’échelle du site archéologique) et du biais imposé par les tranchées discontinues des diagnostics. Ainsi, les archéologues peinent à les traiter et à sortir de l’échelle du site archéologique. En outre, ces données ouvrent sur des datations très variées, de la Protohistoire à nos jours, ou ne sont pas datées. L’un des défis est donc d’organiser cette masse d’informations pour sortir d’une perception discontinue des espaces agraires anciens. Pour cela, deux aspects seront abordés dans ce module de formation.

  • « Se doter d’outils informatiques adaptés : présentation de la base de données QGIS des faits planimétriques archéologiques »

Dans le cadre du programme ANR PARCEDES, a été créée en collaboration avec l’Inrap une base de données expérimentale sous QGIS, destinée à compiler les vestiges de faits parcellaires repérés et fouillés en Sud-Vendée et dans la plaine nîmoise. La présentation de cette expérience est en cours de publication dans le prochain numéro de la revue Archéopages. Dans le cadre de l’école d’été, seront présentés par Pascal Vialet les principes généraux de la base, les différentes tables associées, les modalités et difficultés de saisie. Ensuite, Pierre Séjalon exposera un retour d’expérience utilisateur sur le terrain nîmois et abordera la question de son interopérabilité avec d’autres bases informatiques.

Le remplissage de cette base de données amènera par ailleurs à évoquer la question, essentielle en archéologie, de la reprise des données anciennes, notamment les plans d’opération réalisés pendant longtemps avec Adobe Illustrator®.

NB : chaque participant recevra sur clé USB la base de données (version vierge) afin de l’utiliser s’il/elle le souhaite, ainsi que le livret de présentation de la structure de la base.

  • « Penser l’étape des diagnostics archéologiques préventifs en milieu rural. Retours d’expérience en Vendée et à Nîmes »

Les diagnostics archéologiques ne se résument pas à la découverte de fossés parcellaires mais ils en sont les plus grands pourvoyeurs ; de ce fait, fossés parcellaires et diagnostics sont indissociables en archéologie préventive. Or, comme la plupart des diagnostics ne sont pas systématiquement suivis de fouille, ces données ne sont pas exploitées au mieux de ce qu’elles pourraient l’être. Afin de faire de ces diagnostics de véritables outils pour la recherche sur les espaces ruraux anciens (dans la lignée du 2e SST : https://sstinrap.hypotheses.org/category/seminaires-scientifiques_et_techniques/le-diagnostic-comme-outil-de-recherche), il convient de mettre en place une méthodologie adaptée pour la préparation des diagnostics, que ce soit au sujet de l’implantation des grilles de sondages ou que ce soit au sujet de l’utilisation d’une « carte archéogéographique » en amont des interventions.

NB :  chaque participant recevra sur clé USB deux articles rédigés par les deux intervenants et Magali Watteaux sur ces sujets.

 

6. Sam Turner (univ. Newcastle) : « Dater des modelés agraires grâce à une innovation archéométrique : la datation par OSL-PD »

La datation des modelés agraires (terrasses de culture, crêtes de labour, earthworks, haies…) est une problématique méthodologique ardue en raison de la faiblesse voire de l’absence de mobilier conservé dans ces structures et de leur longue durée d’utilisation. Cependant, depuis quelques années, une innovation archéométrique change la donne : la datation par OSL-PD (Optically Stimulated Luminescence-Profiling and Dating), qui est une amélioration de la technique OSL issue de la datation par thermoluminescence. Elle a permis des avancées majeures dans le champ de l’archéologie des paysages depuis les années 2010, et plus encore depuis quelques années grâce au développement de la procédure PD par Tim Kinnaird et Sam Turner pour limiter et contourner le problème de qualité des échantillons sédimentaires prélevés (création de « profils de luminescence » dès la phase de terrain, avant datation en laboratoire). On peut ainsi aujourd’hui établir un profil chronologique fiable de modelés agraires variés. La méthodologie sera présentée par Sam Turner sur la base de nombreux terrains explorés dans toute l’Europe (dont le secteur du South-Hams dans le cadre du programme PARCEDES) et autour du bassin méditerranéen.

 

7. Antoine Dorison (Paris 1) : « Que peut apporter l’expertise géoarchéologique à la connaissance des modelés agraires ? Intérêts, procédures et croisements possibles »

Si l’archeogéographie permet d’étudier la dynamique des parcellaires en plan, la géoarchéologie est la discipline privilégiée pour caractériser par la fouille les composantes des paysages agricoles façonnés sur le temps long par les sociétés humaines, telles que les terrasses, fossés, crêtes de labour etc. La géomorphologie et la pédologie, en particulier, permettent de comprendre les processus naturels, plus ou moins fortement modifiés par l’action humaine, qui modèlent les paysages et les sols en leur sein. Ainsi, à la croiser des sciences du sols et de l’archéologie, l’archéopédologie s’est érigée en discipline spécifique pour étudier ces processus en contextes archéologiques, du paysage à la stratigraphie intrasite, convoquant les concepts de pédogenèse, de morphogènese, l’analyse physico-chimique des sols ou la micromophologie, pour toucher au plus près des enjeux agronomiques des agriculteurs du passé.

 

8. Angelo Odore (Rennes 2) et Magali Watteaux (Rennes 2/AFAG) : « Données numériques, science ouverte et valorisation de la recherche, ou comment boucler la boucle d’une enquête de nature géohistorique »

Ce dernier module de cours abordera une problématique qui s’est imposée depuis quelques années en raison de la place dominante prise par les données numériques et par le souci de faciliter l’accès aux résultats et données de la recherche (en France, cf. la loi « Pour une République numérique » : https://www.gouvernement.fr/action/pour-une-republique-numerique).

Seront présentés 4 actions portées par l’ANR PARCEDES dans ce domaine, qui permettent d’illustrer comment donner accès à certaines données de manière pérenne, visualiser et manipuler certaines données, mettre en place des outils de science participative, et valoriser les résultats des recherches :

  1. le stockage et le partage de couches vectorielles et raster sur la « Fabrique Numérique du Passé » dédiée aux données géohistoriques, respectant les principes FAIR, adossée à l’entrepôt de données de l’État français NAKALA et portée par le consortium "Projets Time Machine" de l'IR* Huma-Num (https://parcedes.hypotheses.org/1395). Cette diffusion des données brutes ou dérivées s’accompagne parfois de la publication de « data papers » qui décrivent de manière détaillée leurs métadonnées.
  2. la réalisation de webSIG d’accès public permettant de visualiser les jeux de données. Seront présentés différents webSIG : ceux réalisés pour PARCEDES avec ArcGis Online (cf. les premières versions : https://parcedes.hypotheses.org/category/webgis) et d’autres réalisés avec GEO via l’IR* Huma-Num.
  3. la mise en place d’outils dédiés à la science participative pour développer les systèmes de saisie collaborative et ce faisant de valorisation d’un territoire. L’exemple pris sera celui de la saisie des états de section du cadastre napoléonien en Vendée via une plateforme web réalisée en co-direction avec le Conseil départemental de Vendée et l’ANR PARCEDES.
  4. la valorisation des résultats de la recherche sous la forme de produits de storytelling qui combinent photos, textes, vidéos et données cartographiques. Seront présentés la StoryMap réalisée sur la Maremma (https://parcedes.hypotheses.org/984) pour initier aux outils ArcGis Online, ainsi que les outils libres pour créer des storyMaps dans d’autres environnements logiciels.

Ces présentations seront assorties de manipulations sur internet.

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